COP26 : comprendre ce rendez-vous de la géopolitique climatique en 5 minutesLecture 5 min.

La COP26 qui se tient en ce moment à Glasgow est cruciale. Surnommée « le sommet de la dernière chance » par de nombreux observateurs, ce rendez-vous de la géopolitique climatique a lieu du 31 octobre au 12 novembre 2021.

Qu’est-ce qu’une COP ?

Acronyme anglais de Conference of the Parties (comprenez Conférence des Parties en français), les COP sont les conférences des Nations unies sur le climat. Ce sommet annuel réunit depuis 1995 les États signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette année, il s’agit de la 26ème édition de cette conférence, organisée conjointement par le Royaume-Uni et l’Italie à Glasgow.

La COP de cette année est particulière pour deux raisons :

  • elle a été retardée d’un an en raison de la pandémie de Covid-19 ;
  • elle doit permettre d’évaluer les progrès faits depuis l’adoption des accord de Paris il y a six ans.

Le tournant de la COP21 de Paris

Ratifié par 196 parties le 12 décembre 2015, l’accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique. Cet accord est porteur d’un objectif crucial : limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C (1,5°C de préférence) par rapport au niveau préindustriel (soit la période 1850-1900).

Au coeur de l’accord de Paris et de la réalisation de ces objectifs de long terme se trouvent les CDN (Contributions déterminées au niveau national) que l’on retrouve souvent sous leur acronyme anglophone de NDC (Nationally Determined Contribution). Les NDC doivent être soumises tous les cinq ans et chaque NDC doit être plus ambitieuse que la précédente. Pour les plus curieux, vous pouvez retrouver ici toutes les NDCs soumises cette année et ici celle de la France. Composées d’objectifs, de mesures et de politiques, les NDCs constituent la base des plans d’action nationaux pour le climat.

La COP21 a donc permis de décider des objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi, le but n’est pas de recommencer chaque année lors de la COP. Il est nécessaire désormais que les États passent à l’action. Les COP sont depuis plus de vingt ans consacrées à la négociation d’objectifs. Désormais, ces rendez-vous géopolitiques doivent davantage se tourner vers une évaluation des résultats et coordonner les actions à la fois des acteurs publics et privés.

Quel est le rôle du GIEC et des rapports sur le climat ?

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – également connu sous son appellation anglophone d’IPCC (International Panel on Climate Change) – a pour objectif de “fournir aux gouvernements à tous les niveaux des informations scientifiques qu’ils peuvent utiliser pour élaborer des politiques climatiques”.

3 mois avant le début de la COP26, le GIEC a publié la contribution du groupe de travail 1 à son sixième rapport depuis sa création. Ce document rassemble les dernières avancées de la science du climat. Cette contribution constitue la plus grande actualisation de la compréhension physique du système climatique.

© Atelier de cartographie/Presses de Sciences Po, 2021

De plus, il est important de souligner que le rapport du GIEC n’est pas le seul qui vise à informer les décideurs politiques sur l’état actuel du climat. En effet, d’autres rapports annuels sont publiés en amont de la COP. Par exemple, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) – également connu sous l’appellation anglophone d’UNEP – a publié l’Emissions Gap Report, le Production Gap Report ou encore l’Adaptation Gap Report.

Les objectifs souhaités pour la COP26 par ses organisateurs

  • « Garantir un taux net de zéro émission de GES d’ici 2050 et maintenir les 1,5°C de réchauffement climatique à portée » :

Pour cela, les pays doivent « accélérer leur sortie du charbon », « limiter la déforestation », accélérer « la transition vers les véhicules électriques », « encourager les investissements dans les énergies renouvelables ».

  • « S’adapter pour protéger les communautés et les habitats naturels » :

Dans cette optique, les Parties doivent « protéger et restaurer les écosystèmes » et « améliorer la résilience des infrastructures et de l’agriculture » au changement climatique.

  • « Mobiliser la finance« 

Si les Parties veulent réaliser les deux premiers objectifs cités ci-dessus, « les pays développés doivent tenir leur promesse de mobiliser au moins 100 milliards de dollars de financement climatique par an d’ici 2020 ».

  • « Travailler ensemble pour délivrer« 

Enfin, les pays doivent rendre opérationnel l’accord de Paris en accélérant l’action pour lutter contre la crise climatique. Pour cela, un des enjeux de cette COP26 est de mettre sur pied un marché du carbone mondial avec un coût du CO2 assez dissuasif. En bref, mettre en place un vrai système du « pollueur-payeur ».

Les objectifs que je viens d’énoncer brièvement ici sont repris plus en détails dans ce document édité par les organisateurs de la COP26.

Une importante couverture médiatique

Si tous ces objectifs paraissent positifs, il est important d’opérer une seconde lecture. En effet, les Nations unies, tout comme de nombreux acteurs publics et privés raisonnent encore selon la logique de croissance mondiale. Il est donc nécessaire à toute personne s’intéressant à ces enjeux d’avoir un regard critique sur tout ce qui sera annoncé et de rester attentif au greenwashing qui sera à l’honneur.

« A la COP26, le Qatar fait valoir le caractère écologique de ses nouveaux stades pour la Coupe du Monde 2022 »

Je prends pour exemple l’intervention critiquée de Jeff Bezos. Le PDG d’Amazon a promis en début de semaine un financement de 2 milliards de dollars pour aider à « restaurer la nature et à transformer les systèmes alimentaires ». Le même Jeff Bezos qui, en juillet s’envolait dans l’espace (et son bilan carbone avec lui par la même occasion).

Pour conclure, peu importe ce qui ressortira de cette COP, l’important est de garder en tête qu’il n’y a pas de date limite à l’action. C’est pourquoi, il est important de garder à l’esprit que toute tonne de CO2 non émise est une tonne qui n’aggravera pas le dérèglement climatique. En d’autres termes, toute action entreprise en faveur de l’atténuation du changement climatique a son importance.

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